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Les tests scolaires, outil pédagogique ou arme politique ?

Jamais l’éducation nationale n’aura autant évalué qu’en 2024. Quelque 6,4 millions d’enfants du CP à la 6e, ainsi que les 4e, les 2de et les CAP, ont passé, entre le 9 et le 27 septembre, des tests standardisés destinés à mesurer leur maîtrise de compétences, jugées fondamentales par le ministère, en mathématiques et en français.
Ces évaluations ont été introduites sous leur forme actuelle en 2018, d’abord en CP et en 6e, avant d’être étendues. Elles ont aussi fait l’objet du premier appel à la grève de l’année, le 10 septembre. Tous les syndicats enseignants ne se sont pas associés au mouvement, mais les sept organisations représentatives s’opposent unanimement à leur généralisation, prévue en cette rentrée.
Depuis leur création, ces tests standardisés sont critiqués pour leur lourdeur à administrer, surtout dans le second degré où ils sont maintenant informatisés, et leur caractère superfétatoire pour les enseignants censés évaluer déjà leurs élèves. Ils « mettent en avant une conception restrictive et archaïque des apprentissages », centrée sur les « seuls “fondamentaux” », dénonce surtout l’intersyndicale, mettant en garde contre une école qui deviendrait une « institution aux pratiques uniformisées éloignées des besoins des élèves ».
Caroline Pascal, directrice générale de l’enseignement scolaire défend, elle, « une aide aux enseignants pour poser dès le début de l’année un diagnostic sur la maîtrise des compétences-clés et ainsi cibler les actions de remédiation ». « Il ne s’agit pas de formater l’ensemble de l’enseignement à partir de compétences, assure-t-elle, mais de s’assurer que les élèves maîtrisent ces éléments de base, qui ne sont certes pas suffisants pour leur réussite, mais qui sont nécessaires. »
Ces évaluations nationales et le débat qui les entoure s’inscrivent dans une histoire de quarante ans. La Rue de Grenelle cherche à évaluer les acquisitions scolaires des élèves depuis la fin des années 1970, d’abord sur la base d’échantillons, puis, à partir de 1989, de tests passés par l’ensemble des élèves. Le format et la fréquence de ceux-ci ont varié selon les périodes, mais leur bien-fondé a toujours été questionné.
Dans un article de 2015 intitulé « Les évaluations standardisées des élèves, perspective historique », deux statisticiens du ministère de l’éducation nationale, Bruno Trosseille et Thierry Rocher, rappelaient que les évaluations répondaient à deux fonctions principales qui ne devaient pas être confondues : d’une part le diagnostic individuel des élèves à destination de l’enseignant, et d’autre part le bilan collectif des acquisitions à des fins de pilotage du système scolaire. Une visée pédagogique d’un côté, une finalité politique de l’autre. « Depuis les années 1990, le ministère a souvent entretenu la confusion entre ces deux types d’évaluations », notaient les deux chercheurs, relevant une potentielle « source d’erreurs et de troubles ».
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